Philosophie

Pédagogie pluridisciplinaire traitant de préoccupations sociales et environnementales entre art, design et société.

Vapeur de terre après dépôt au jardin de la Hear_ 2021 Photo© Didier Kiefer


L’urgence sociale et climatique s’invite dans nos quotidiens et nos projets, questionnant ainsi nos pratiques d’artistes et de designers.
En quoi ces questions d’ordre social, d’écologie et d’environnement viennent transformer ces pratiques ? Comment ? Pourquoi ?
Le programme NOMADE embrasse des expérimentations incluant ces  enjeux de création respectueux du vivant.
Questionnant la transition socio-écologique, le programme NOMADE vise à décloisonner les savoirs et les pratiques ; à concevoir avec le vivant ; à travailler à l’échelle d’un territoire et de ses acteurs en croisant recherche d’autonomie, prise de position politique, pensée avec la matière et le cycle de vie, d’intégration d’écosystème et d’écologie, de transversalité, de pluridisciplinarité et de co-constructions.

Le programme NOMADE s’adresse aux étudiants de Master du site d’arts plastiques de Mulhouse intégrant les débats environnementaux comme enjeux fondamental dans leur diplôme DNSEP. Il s'organise comme un projet de recherche commun.


L’année scolaire s’articule entre des temps de travail hebdomadaire, des reportages, des temps de travail technique et des rencontres avec des acteurs institutionnels, économiques, professionnels et des temps collectifs.

L’immersion constitue un axe principal de cette pédagogie, qui positionne les étudiants face à la réalité du terrain et active les réseaux locaux. L’acte créatif prend tout son sens au cœur dans la réalité collaborative entre acteurs travaillant avec les ressources locales (bois, terre, verre…).


Le parcours Nomade est pensé comme une réserve de bio diversité d’une école d’art. Espace de croisement, de pensée libre, d’espace protégé tel un sanctuaire.

La philosophie du parcours combine la pratique et la théorie comme deux outils qui interagissent.
La pratique est vécue sur le terrain et la théorie est extraite d’une analyse d eterrain. Au travers de reportages de terrain et de journées d'études critiques sur la relation entre l'art et le design, les questions politiques et sociales en lien avec une transition socio-écologique sont étudiées pour comprendre et participer aux changements environnementaux.
Le développement pédagogique et la philosophie du programme NOMADE s’articulent autour de 3 axes, et s’adossent à un groupe de recherche dédié.

1 : Concevoir avec le vivant
Dépassant les débats liés aux hybridations et mutations du vivant, cet axe du programme propose de reconsidérer la volonté de contrôler le vivant. Cette pédagogie expérimente la mise en œuvre des conditions du « laisser faire » ; laisser croître plutôt que dessiner, fédérer plutôt que de construire, le dessin et la forme seront les résultats de ces démarches.
Les réflexions s’appuient sur la notion de l’Anthropocène, ère théorisée par Paul Josef Crutzen en 1995, qui définit la période durant laquelle l’action humaine est telle une force géologique à l’échelle planétaire. Cette prise de conscience de l’empreinte des activités humaines sur l’environnement exige une remise en question de nos productions, de nos valeurs et notre éthique.
Introduire une autre philosophie du vivant à partir de la pratique d’un jardin en permaculture (concept systémique et global visant à créer des écosystèmes) qui jouxterait le bâtiment de l’école et favoriserait une réflexion sur l’espace, l’acquisition d’outils techniques de pratique et d’outils conceptuels croisant la botanique et la philosophie.
Via le jardin, développer un imaginaire, une intention créatrice en parallèle d’une capacité à produire de la nourriture, à maîtriser les besoins en eau, un habitat et une énergie en respectant la logique du vivant. Cela en ayant pour objectif ce que l’on pourrait nommer  « l’autonomie première » d’une personne.

2 : Concevoir avec l’autre
Les débats environnementaux nous obligent à décloisonner les savoirs et les pratiques de l’art et du design.
Il s’agit de questionner le-les réseaux du développement des projets des étudiants et de remettre en cause la notion de « concevoir pour l’autre » et de penser une « conception avec l’autre » pour inscrire une pratique plastique dans un réseau réel de personnes ancrées dans le territoire : entreprises, artisans, acteurs sociaux…

3 : Concevoir avec le territoire
Le troisième axe intègre le « nomadisme » et la rencontre. Être à l’écoute et penser les conditions de réalisation d’un projet est essentiels pour favoriser les interactions entre les composantes du projet et développer un esprit critique générateur de changements pour notamment anticiper l’insertion dans la vie professionnelle.
Ce parcours insiste sur l’acquisition de compétences en vue de créer des réseaux qui sont essentiels au développement des projets après l'obtention du diplôme.
L'intention est de passer plus de temps à cultiver des solutions tout en maintenant un esprit critique générateur de changements.



Un jardin à la Hear et l’association Saxifrage



Analyse du sol du jardin avec Thierry Boutonnier. Photo© Nathalia Moutinho

Afin de penser autrement la place des humains dans son rapport au vivant, enseignants et étudiants de l’école sont à l’initiative de la constitution d’une association proposant d’investir le jardin de la HEAR Mulhouse en espace de culture.

Le jardin, devient espace d’étude et de recherches à différents groupes de travail notamment pour les étudiants du parcours Nomade. Il est un lieu d’expérimentation, un espace pluriel entre jardin et potager pour tous projets s’engageant sur l’ouverture d’une pratique « d’atelier jardin » comme de « jardin atelier ». Un espace de partage, de solidarité, de monstrations/expositions de formes artistiques diverses mais aussi un lieu d’observation, d’inspiration et de contemplation.

Une « transition » dans les champs de l’art et du design pour stimuler notre rapport entre nature et culture avec pour ambition de le transplanter en paysage culturel :
Introduire une autre philosophie du vivant à partir de la pratique d’un jardin en permaculture (concept systémique et global visant à créer des écosystèmes) jouxtant le bâtiment de l’école en favorisant une réflexion sur l’espace, l’acquisition d’outils techniques de pratique et d’outils conceptuels croisant la botanique et la philosophie.
Via le jardin, développer un imaginaire, une intention créatrice en parallèle d’une capacité à produire de la nourriture, à maîtriser les besoins en eau, en habitat, en énergie pour  respecter la logique du vivant. Cela en ayant pour objectif ce que l’on pourrait nommer « l’autonomie première » d’une personne. Au fil des saisons s’émerveiller d’une « écologie positive » qui cultive son jardin pour ensuite « politiser l’émerveillement » et en faire un vecteur de luttes concrètes défendant une biodiversité contre tout ce qui la dévitalise, à savoir essentiellement un système économique néo-libéral.


Séance de travail à l’école avec Thierry Boutonier et Jean-Sébastien Poncet. Photo© Didier Kiefer



Regards croisés, recherche en pédagogie

 

Dans le cadre de la recherche doctorale de Céline Monvoisin : « Les nouvelles matérialités de l’acte du design à l'ère Anthropocène :  une recherche sur les écologies corporelle et environnementale dans les pédagogies du design. », Céline Monvoisin vient observer l’expérience du programme Nomade.
Elle propose d’accompagner les étudiant.es du DNSEP design process de 5ème année et les enseignant.es de la HEAR dans leur vécu d’apprentissage, à la fois individuellement et collectivement. Son objectif est d’observer et de documenter les pratiques et leurs contextes mais aussi d’aider à expliciter les moments forts de cette expérience afin de les comprendre et leur donner du sens.
Que nous disent ces moments à la fois chez les étudiant.es et les enseignant.es, pour la pratique de la conception mais aussi sur l’enseignement du design ?

Et c’est avec plaisir que nous vous communiquons ci-dessous le lien de la publication de l’article co-écrit avec Céline Monvoisin intitulé « De projet à trajet en design, retour sur des moments de pédagogie »
Nous vous invitons à lire dans le numéro 5 de la revue Design, Arts, Médias en ligne :

https://journal.dampress.org/issues/faire-avec-le-milieu-art-design-et-medialite-du-paysage/de-projet-a-trajet-en-design-retour-sur-des-moments-de-pedagogie