Les journées d’études 2022_23 




Thierry Boutonnier arrosant le centre de la terre_2022_Photo© Clément Desforges


Le programme de l’année 2022_23 organise des débats sur le dialogue entre la terre et l’eau.

Les journées d’études initient des réflexions liées aux questions des ressources naturelles et de l’artificialisation du monde et autour de la thématique “Environnement et biopolitique”.
Cette année, le groupe pédagogique et les étudiants vont échanger, se documenter et réfléchir à notre rapport à l’eau et à la terre. Ce dialogue terre-eau est le fil conducteur des réflexions de travail développées selon des ambitions politiques, sociétales, poétiques, artistiques, environnementales…

Dire que l'eau est essentiel à la vie est une évidence, elle nous entoure et nous rempli.
Dans le domaine de la création elle est de tout les médiums. Pourtant elle est souvent mal traité, contrainte, souillé.
La prise de conscience des limites de cette ressource amène depuis des années les pouvoirs publiques et les chercheurs, mais aussi les créateurs à la penser au delà de son exploitation. Comment l'accompagner et la gérer ? Voire la préserver en la transformant en une personnalité juridique à défendre.

"Chacune à leur manière, les civilisations sont des civilisations de l’eau, rare ou abondante : liquide dans les grands bassins fluviaux, de glace dans les terres australes ou de vapeur dans les déserts. Tels ces « jardins de Babylone » situés entre deux fleuves (en grec, mesos potamos).
Dans l’entente de l’humain avec son milieu naissent des cultures d’une richesse poétique et symbolique inouïe. Autour des puits, on se ressource ou on se déchire. Cette entente peut être malmenée par une culture extractiviste de l’eau qui oublie la source sous la ressource, puisant jusqu’à épuisement pour l’acheminer par pipelines, desséchant les grands lacs, exténuant les nappes phréatiques, asséchant le moindre cours d’eau, accélérant aridité et sécheresse. La mort rôde. L’eau réaffirme alors sa dimension très matérielle et très métaphysique."
Jean-Philippe Pierron, philosophe _ Extrait du journal 1


Programme des journées d’études à Mulhouse les 6 et 7 octobre 2022, à la maison de la région au 4 avenue du Général Leclerc, 68100 Mulhouse.

Jeudi 6 octobre
Laurent Royon, professeur de physique
Laurent Royon est professeur de physique à l'Université Paris Diderot, et responsable de l'équipe CEMU du laboratoire LIED (UMR 8236 CNRS). Il a publié plus de 50 publications dans des revues internationales (PRE, Soft Matter, Langmuir…), 2 brevets… Ses intérêts de recherche portent sur les processus de transfert de chaleur et de masse avec changements de phase, la physique des fluides, la rhéologie, la matière molle, les phénomènes de mouillage et de capillarité, le streaming acoustique.
De 2014 à 2017, il a été le coordinateur du projet « Eau Douce ».

Jeudi 6 octobre
Alban Cairault, hydrobiologiste au Parc Naturel des Vosges du Nord
Alban Cairault est hydrobiologiste et depuis 2015, il arpente les fonds de nos vallées pour identifier les points de mesure de débit et de qualité des eaux les plus à même d’assurer un suivi efficace de l’évolution de nos cours d’eau. Le constat est parfois décevant. Des siècles d’artificialisation et de rejets chimiques de toute nature ont grandement endommagé une nature qui peut sembler parfois idyllique. Les cours d’eaux et zones humides sont le réceptacle ultime de ces activités humaines si peu respectueuses de leur environnement. Mais la reconquête est engagée. Elle passe d’abord par la mise en place d’un réseau d’observation avec 31 stations de référence et de suivi pour mesurer régulièrement la qualité de l’habitat liquide, l’eau en elle-même, de l’habitat physique, les sédiments qui composent les lits mineurs et de la biologie, la faune et la flore.

Vendredi 7 octobre
Sara Fernandez, chercheuse sur l’eau à Institut national de recherche en sciences et technologies pour l’environnement et l’agriculture (Irstea).
Sara étudie les relations entre savoirs, techniques et gestion de l'eau, des mécanismes de commensuration (indicateurs, évaluations économiques...), des régimes et des situations de gestion, de l'adaptation au changement climatique, des approches de la prospective.
Elle viendra nous parler des grands changements de paradigme sur la gestion de l’eau et comment l’eau est gérée dans notre monde néo-libéral.

Vendredi 7 octobre
Geoffrey Dorne, designer indépendant et engagé
Geoffrey Dorne viendra nous présenter et nous parler tant de son livre «  Hacker-Protester » et de son approche du design au sein de son atelier Design & Human. Il travaille avec des ONG, des associations, des entreprises et le secteur public sur des projets de design graphique, d’identité, de communication mais aussi de design numérique, d’interface, d’expérience, des projets d’innovation low-tech et no-tech. Design & Human s’accorde а faire du design un outil d’émancipation, de résilience, de liberté et d’indépendance. Il refuse toute proposition de projets allant а l’encontre de ces valeurs.

Vendredi 7 octobre
Rémi Buscot, designer de territoires en transitions
Architecte de formation, il travaille sur les territoires en transition à travers les questions de la participation, des pratiques collectives et des récits. Il voit ses projets comme une opportunité de créer des changements sociaux et de questionner les futurs qui s’offrent à nous. Son travail se veut comme une porte ouverte vers de nouvelles utopies collectives. "Ma pratique vise à faire évoluer les territoires et les formes d’organisations humaines face aux défis écologiques et sociétiaux de notre époque. Je m’intéresse particulièrement aux questions de l’aménagement du territoire et l’évolution des modes de vie et des récits désirables face à l’anthropocène."

Vendredi 7 octobre, après midi
Echange et restitution des deux journées.



Jeudi 1 décembre 22
Jean-Christophe Bailly
Le jardin comme question, le jardin comme réponse
Du jardin ouvrier au jardin zen, l'étendue des possibles est immense mais toujours le jardin configure un rapport qui se met en retrait où s'ouvre un autre usage du temps.

Dans la diversité des sites et des territoires contemporains, comment s’envisage le jardin ?  Au sein du jardin-parcelle comment s’envisage la relation au vivant ?  Dans « Le versant animal » Jean-Christophe Bailly s’approchait et intégrait le monde animal à notre pensée, il considérait que le monde animal, au lieu de constituer une question, était d’abord un faisceau foisonnant de réponses, et qu’à leur contact l’univers s’élargissait. Dans la continuité de la rencontre et de l’écoute du monde animal, comment la relation au végétal au sein des jardins élargit-il notre univers ?

Jean-Christophe Bailly est écrivain, au croisement de la philosophie et de la poésie, reconnu notamment pour son travail sur le paysage, la photographie, le vivant et la relation au monde animale.  Parmi ses livres récents : Le versant animal (Bayard, 2007), L’instant et son ombre (Seuil, 2008) et Le dépaysement (Seuil, 2011), La phrase urbaine (Seuil, 2013), « Une éclosion continue : Temps et photographie » (Seuil, 2022).



Du chant d’un oiseau on entend des résumés, notre temporalité est aussi un résumé de quelqu’un d’autre.
Dans les jardins, les plus belles fêtes !
Note de Mélodie Gogué-Meunier